Pour Ana Freud, "l'adolescent normal doit être anormal", alors si vous pensez que votre ado a un problème, qu'il est naze voir psychopathe, j'ai bien peur que votre ado soit en très bonne santé ! C'est juste qu'il se trouve dans un corps qui a évolué et qui le met mal à l'aise. Françoise Dolto le comparait à un homard qui change de coquille car la sienne est devenue trop petite. Seulement, le homard passe un certain temps sans coquille, nu, sans abri contre tout ce qui pourrait l'agresser, contre tout ce qui l'entoure. Il réagit avec sa propre défense souvent agressive, impulsive et maladroite. Comme notre ado qui donne ses avis opposants avec une conviction affirmée, qui nous excède plus qui nous amuse. L'ado a en quelques sortes des émotions intenses et inapropriées, "anormales" finalement. Il est alors très difficile pour des parents de regarder de façon sereine et calme cet adolescent qui a un problème dans sa tête ! Alors, commencent sans s'interrompre des messages paradoxaux: " J'aimerai pouvoir te faire confiance mais pour le moment tu n'en es pas capable." autrement dit l'ado comprend: " Prouves moi que tu un adulte mais je te l'interdis !" Si on parle de crise d'adolescence, on parle assurément d'une crise de la relation entre parents acariâtres et adolescents têtus, rôles que la société attribue à chacun depuis la nuit des temps. Alors, à tord , on "étiquette" l'ado de "difficile".... pourtant, aucun enfant ne naît "difficile" ou "capricieux", il le devient car nous parents, en voulant toujours bien faire, on agit souvent à contre sens. De façons très rationnelle, on pense agir de la meilleure façon pour nos enfants, on veut ce qu'il y a de mieux et on a du mal souvent à s'apercevoir que ce "mieux" que nous pensions est aussi souvent dysfonctionnel. Dans le cas de la periode adolescente, l'ado demande juste à s'envoler et par peur, par principe et certitude, nous, parents, lui coupons ses ailes en ne comprenant pas qu'il ne soit pas encore parti....
Quand le cercle vicieux est installé, il est tellement difficile de s'en sortir et tellement plus aisé de rechercher "qui a tord, qui a raison" plutôt que "comment va t on s'en sortir". Apaiser la relation est le meilleur moyen que de vouloir apaiser son adolescent. Il faut et c'est souvent vital si on ne veut pas perdre définitivement la chair de son sang, privilègier la relation en assouplissant ses principes. La question est: "Comment aider nos adolescents à rejoindre leur carapace adulte tout en préservant la meilleure des relations entre eux et nous ?"
Mon métier est de tenter à les accompagner et abandonner ce tango morbide qui les met en souffrance.